Conduite

Lorsque j’étais au jardin d’enfant, il y avait un système particulier pour aller à l’école, on appelait cela « la conduite ». Une personne – était-ce une grande élève ou une enseignante ? – parcourait à pied les deux, trois rues principales autour de l’école en « ramassant » rue après rue les petites élèves, conduites par leur maman depuis les rue adjacentes jusqu’au point de ramassage. Pour ma propre maman, c’était très pratique, la conduite passait avenue Gabriel-Péri, juste à son intersection avec la rue Jean-Jaurès où nous habitions.

La conduite ne dura qu’un an. L’année suivante j’entrai au cours préparatoire et, de ce jour, j’allai à l’école presque seule. Maman me faisait traverser l’avenue Gabriel Péri, après quoi je courais d’une traite pendant quelques minutes jusqu'à l’école. Il n’y avait pas d’autres rues à traverser, donc pas de danger de ce côté, mais je m’étonne que mes parents aient pu me lâcher seule à un âge si tendre.

Mon grand-père devait juger cette habitude imprudente. Lorsqu’il était chez nous, il me conduisait lui-même jusqu’à la cour de récréation de l’école. Un jour où je n’avais pas du tout envie d’aller rejoindre la classe, je profitai du moment où Grand-Papa saluait la sœur gardienne pour m’enfuir à toutes jambes dans la rue. Pauvre Grand-Papa et pauvre sœur empêtrée dans ses voilures, ils eurent bien du mal à me rattraper !