Une trépidante machine à laver !

Dans la maison d’Antony, nous avions une machine à laver, mais quelle drôle de machine !

Ronde, courte sur pattes, elle était assise comme un gros crapaud sur une planche, elle-même posée à l’extrémité de la baignoire. J’aimais beaucoup cette disposition, qui me ménageait une sorte de grotte sous la planche, lorsque je prenais mon bain. Je m’y blottissais avec délice, inventant mille et une histoires marines.

Pour Maman, cette antique machine à laver tenait sans doute du cauchemar, car elle était des plus fantasques. Lors de certains cycles de lavage ou d’essorage, ses trépidations étaient telles que la machine tressautait de tout son cœur, s’élevant puis retombant lourdement sur sa planche. J’ai le vague souvenir d’avoir vu ma douce Maman ceinturant la rebelle à deux bras pour la maintenir fermement en place !

Un jour, de guerre lasse, Maman avait sans doute abandonné la partie et laissé la capricieuse machine livrée à sa propre humeur. Boum, boum, badaboum, boum, boum, entendîmes-nous en haut de la maison : Madame notre machine s’était échappée de la salle de bain et dansait la gigue sur le palier, prête à s'élancer dans l'escalier !