Inondation
Le jeu de la bouillabaisse se passait toujours chez moi, à la fois parce que Maman étaient plus tolérante que les autres parents et parce que le mur pignon de la maison était fort commodément équipé d’une arrivée d’eau et d’un robinet.
Malgré une interdiction formelle, je jouais beaucoup avec ce robinet. Je m’y lavais les mains, j’y buvais, j’y remplissais mon seau ou mon arrosoir, et surtout je m’y procurais l’eau nécessaire à la fabrication de la fameuse bouillabaisse. Je m’y rinçais ensuite lorsqu’un appel retentissant me faisait abandonner le jeu. Alors, dans ma hâte, j’oubliais bien souvent de fermer l’eau, qui s’infiltrait par le mur pignon de la maison et allait directement détremper la cave.
Un jour il y eut plusieurs centimètres d’eau noyant le sous-sol et Maman, excédée, m’ordonna de me munir d’une serpillère et d’éponger tout ça. Désespérée par cette tâche insurmontable, je n’arrivais plus à ravaler mes larmes. Jamais, non jamais je n’arriverais à réparer les dégâts que j’avais causés ! Grand-papa vint à la rescousse et je pleurais de plus belle à cause de sa gentillesse et de sa bonne volonté à m’aider. Cher Grand-papa plus malheureux encore que moi lorsque j’étais punie !