Ligotée

Juste retour des choses, j’étais moi-aussi parfois la cible des inventions facétieuses des autres. Mon petit voisin de gauche, Kiki, avait une imagination fertile et inventait sans cesse de nouveaux jeux. Ce jour-là, il lui prit l’envie de jouer aux cow-boys. Il s’empara de deux cordes et nous entreprîmes de décapiter des herbes au lasso et de capturer des bouts de bois.

Malheureusement pour moi, je n’avais aucune habileté à ce jeu. Lassé de se mesurer à une si piètre partenaire, Kiki décida au bout d'un moment que je n’étais vraiment pas digne de jouer aux cow-boys, mais que je ferais une parfaite captive indienne. Il s’empara de ma petite personne, me plaqua contre le tronc du cerisier et entreprit de m’y attacher étroitement avec les deux cordes. Sur ces entrefaites, sa maman l’appela pour le déjeuner, et Madame Thomas ne plaisantait pas sur l’horaire des repas. Que fit alors mon Kiki ? Il prit bonnement ses jambes à son cou sans plus se soucier de sa malheureuse captive ! Le bougre m’avait si solidement ligotée que je ne parvins jamais à desserrer les nœuds qui me faisaient prisonnière.

Comme nous mangions beaucoup plus tard que mes petits voisins, je dus sans doute rester une bonne heure rivée à mon arbre, jusqu’à ce que Maman s’inquiète et vienne me délivrer !