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Une enfance années 50-60
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27 juin 2011

Cauchemars

Avec chaque soir une si jolie histoire, j’aurais dû m’envoler au pays des rêves doux. Mais l’enfance est aussi un temps cruel, jonché de peurs ancestrales et d’angoisses profondes.

Je faisais assez souvent des cauchemars, certains atroces, qui me laissaient consumée de terreur au fond de mon lit, n’osant même pas tendre un bras pour allumer la lampe de chevet. Je restais là longtemps, pétrifiée, figeant mon moindre souffle, immobile et les yeux désespérément clos, de peur de les ouvrir sur une horreur immonde.  Puis je trouvais, je ne sais où, la force de m’extirper de mon lit et de franchir d’un bond le palier obscur qui me séparait de la chambre de mes parents. J’étais sauvée !

L’un des ces cauchemars m’a laissé une impression si tenace que je me le rappelle dans ses moindres détails. J’étais allée avec Maman faire des courses au Prisunic, mais j’avais finalement préféré l’attendre en-dehors du magasin. Vint à passer l’une de ces clochardes qui hantaient d’habitude la place du marché, les jours où elle était abandonnée. C’était de vieilles femmes qui tiraient derrière elles un chariot rempli de sombres mystères. Pantoufles aux pieds, vêtements percés et cheveux en lambeaux, elles effrayaient les petits enfants roses et bien tenus que nous étions. Lorsque nous nous promenions seuls, il nous était d’ailleurs défendu de nous en approcher. Mais nous bravions l’interdiction et avancions jusqu’à distance prudente pour leur crier quelques insultes !

Etait-ce une vague culpabilité qui fit de ce cauchemar une atrocité ? Non probablement, l’angoisse devait avoir des racines bien plus profondes. J’étais donc à l’extérieur du Prisunic, la vieille femme vint à passer et me fit un mauvais clin d’œil en m’ordonnant de grimper dans son chariot. Il m’était impossible de résister, j’étais comme aimantée, bien que hérissée de terreur, sachant déjà qu’un sort terrible m’attendait et que je ne pouvais y échapper.

Me voici donc dans l’obscurité, au fond de ce chariot profond sur lequel la sorcière a prestement serré la fermeture à coulisse. De l’extérieur, personne ne peut plus me voir, j’ai disparu. A l’intérieur, le fond du chariot cache un épouvantable secret : un gigantesque hachoir qui me happe sans que je puisse rien y faire. Maman sort enfin du Prisunic en me cherchant. Moi je peux la voir, mais je suis cachée à ses yeux et aucun son ne sort de ma gorge.

C’est fini, je suis broyée par l’infernale machine.

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Commentaires
W
Non, elle "fait" dans l'histoire sanglante.
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I
Ah ! Je ne connais pas Poupoune !<br /> Est-elle psychanalyste ?
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W
Un rêve à réjouir mon amie Poupoune !<br /> http://des-mots.over-blog.fr/
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I
Comment ça ? Vous aviez vous aussi une grand-mère qui vous racontait des histoires ? Quelle provision de bonheur pour la vie !<br /> Belle journée à vous !
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P
Oui, un cauchemar atroce, vraiment ... alors qu'au départ ces pauvres femmes pour la plupart devaient être bien inoffensives ! une culpabilité refoulée peut-être ...<br /> Quant à votre billet concernant les histoires, j'ai les mêmes souvenirs que vous ! c'est vraiment impressionnant !
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