Cauchemar ou rêve initiatique
Vivant à Antony, en banlieue Sud, nous prenions pour aller à Paris le train de la « ligne de Sceaux », rebaptisé RER de nos jours. Pour rejoindre le métro parisien, nous changions à la station Denfert-Rochereau, qui était très sombre et inhospitalière à cette époque, et dont le nom m’évoquait évidemment l’enfer.
Une nuit je rêvai que nous étions sur le quai de cette station et que, bousculée, je tombai sur les rails et fus écrasée par le métro qui arrivait. Pas de peur ni de douleur au moment de l’accident, mon âme se mit juste à flotter au-dessus de mon corps gisant sur les rails et de la foule agglutinée autour de Maman qui sanglotait. Moi, j’étais aspirée vers le haut et je montai, mais je me cognai soudain à la voûte du métro et je me réveillai avec une sensation d’oppression.
A quelques jours de là, je fis le même cauchemar, à ceci près que je fus cette fois écrasée par un bus. Même scène, avec la foule agglutinée autour de ma dépouille et Maman éplorée. Mais cette fois, rien ne m’empêchait plus de monter. Le ciel était léger et pur, j’étais extraordinairement bien et je voulais crier à Maman : « Ne pleure pas Maman, il ne faut pas pleurer, si tu savais comme je suis bien ! » et je continuai à monter paisiblement dans un bonheur intense, juste un peu gâché par l’impossibilité de consoler Maman.