Publicité
On disait publicité, on n’avait pas encore raccourci le mot à une seule syllabe. La publicité était alors très jeune, succédant de toutes ses couleurs éclatantes aux réclames désuètes mettant en scène un monde en voie de disparition.
A la place de familles bien sages réunies autour de la soupière fumante, on voyait apparaître des Monsieur Pschitt aux têtes carrées sur fond de bleu intense. Un loup narquois croquait le chocolat Lanvin offert par la main du Petit Chaperon. Monsavon mettait en scène une brochette d’enfants rose vif rigolant dans la même baignoire. L’Alsacienne des petits biscuits rajeunissait et se faisait loup de mer.
L’humour et le clin d’œil remplaçaient la componction des anciennes réclames. Savignac et Hervé Morvan signaient ces affiches en couleurs primaires où semblait éclater une éternelle bonne humeur. La publicité colorait les murs et les rendait plus gais. On était sollicité, mais pas envahi. Certes, on avait envie d’entrer dans la danse, mais c’était la marque de ces années-là, où le bien-être faisait place aux restrictions. La publicité était assortie à l’air d’un temps en plein essor, où tout changeait à toute allure.